Voyage au bout de l'ennui.

Actuellement je lis Céline. Voyage au bout de la nuit. Et en ce début d'automne, je me sens de plus en plus nostalgique. C'est fou comment les lumières et les odeurs des différentes saisons nous renvoient parfois dans un passé si lointain qu'on croyait l'avoir oublié. Je me revois jouer ce match de foot contre la ville voisine. Un derby ils appellent ça. Celui-là est tendu, et en plus mon père vient me voir jouer pour la première fois depuis des années. J'ai 14 ans je crois. Le match est mauvais mais je tire particulièrement bien mon épingle du jeu sur mon côté gauche. Intraitable défenseur, je réalise un match comme jamais. 2-2 au sifflet final mais une immense joie contenue s'empare de moi quand mon entraîneur me félicite et qu'ensuite, mon père me vante mes actions et me montre sa fierté pour son fils. Ce moment là, j'espère ne jamais l'oublier. Et j'espère le revivre. Je me rends compte que des années après je suis toujours à la recherche de cette émotion. Mais j'en suis loin. Je m'ennuie dans ma réussite lointaine, sans émotion, sans vie. Je suis en transition, dans un interlude. Et le voyage ne fait que commencer...